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Nicholas Lo Vecchio, Dictionnaire historique du lexique de l'homosexualité. Transferts linguistiques et culturels entre français, italien, espagnol, anglais et allemand (TraLiRo – Lexicologie, onomastique et lexicographie), Strasbourg, Éditions de Linguistique et de Philologie, 2020, XIV + 515 p

Crifò, Francesco
In: Zeitschrift für Romanische Philologie, Jg. 138 (2022-09-01), Heft 3, S. 1003-1009
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Nicholas Lo Vecchio, Dictionnaire historique du lexique de l'homosexualité. Transferts linguistiques et culturels entre français, italien, espagnol, anglais et allemand (TraLiRo – Lexicologie, onomastique et lexicographie), Strasbourg, Éditions de Linguistique et de Philologie, 2020, XIV + 515 p 

Au cours des dernières décennies, des mouvements civiques, intellectuels et politiques dynamiques ont remporté des succès historiques dans plusieurs régions du monde pour faire reconnaître les droits des homosexuels. En raison (ou en dépit) de cette évolution, le sujet reste aujourd'hui d'une grande actualité. Lorsqu'un travail de recherche en linguistique s'intéresse à des sujets suscitant un tel intérêt hors de la sphère scientifique, le risque est grand d'une banalisation dans la définition des problèmes et d'une simplification excessive des méthodologies adoptées. L'ouvrage discuté ici déjoue brillamment ces pièges : certes, l'auteur admet ouvertement ne pas être à l'abri de motivations idéologiques légitimes (« Consacrer un dictionnaire à un sujet si longtemps négligé [...] est aussi un choix idéologique : une manière de lui donner de la visibilité, de le prendre au sérieux, de l'élever au même rang que n'importe quel autre phénomène humain » [7] ; « la terminologie de l'hétérosexualité est restée, en français, très restreinte par rapport à celle de l'homosexualité [...] il s'agit du reflet, bien sûr, du monde hétéronormé dans lequel nous vivons » [354–355] ; « On est en train d'observer à travers les sociétés un effort pour reconcevoir les sexualités et le genre de manière non binaire et plus inclusive » [390]), mais il répond à des questions lexicologiques précises en s'appuyant sur des méthodes lexicologiques et des références bibliographiques en tous points conformes aux standards de la prestigieuse collection qui accueille sa monographie. Les répertoires lexicographiques canoniques sont complétés par une documentation originale consistant – surtout du côté français – en un nombre considérable de citations issues de sources primaires, indiquées dans les notes de bas de page sans être reprises dans la bibliographie, et de toute évidence extraites des vastes bibliothèques numériques disponibles aujourd'hui [489–490]. La pratique est tout à fait conforme aux normes actuelles et, comme le révèle une vérification sommaire, elle évite tous les écueils d'une fréquentation inexperte ou imprudente de répertoires tels que Google Livres ([2] 2016, 190–192 ; [3] 2016) ; qui plus est, les résultats bénéficient pleinement de la possibilité de compléter désormais les sources les plus évidentes, œuvres littéraires ou essais, par une multitude de sources plus inattendues, tels les articles de revues scientifiques anciennes : ces sources sont minutieusement localisées, contrôlées et indiquées par l'auteur avec toute la précision souhaitable. Le seul reproche que l'on puisse faire à cette pratique est peut-être son recours à des versions numérisées d'anciennes versions imprimées d'œuvres littéraires pour lesquelles on dispose d'éditions critiques modernes plus fiables [245 et n. 50, 250 et n. 62] ; soulignons en revanche l'extrême rareté des erreurs de transcription imputables aux défauts de l'interprétation automatique des caractères suggérée par les bibliothèques numériques (« apri » pour « aprì » [309] ; « von Geburt am » pour « von Geburt an » [346]). On pourrait par ailleurs se demander si certaines sources particulièrement importantes et régulièrement citées ne mériteraient pas d'être rassemblées en un seul endroit de la monographie : l'ouvrage d'Albert Moll Die conträre Sexualempfindung est certes mentionné et décrit de manière appropriée [348–349], mais ses différentes traductions figurent séparément dans les notes 36, 43, 46, 49, 53, 77, 95 et 118. D'une manière générale, un répertoire unique des sources primaires consultées aurait facilité la lecture, en supprimant notamment la nécessité de renvois elliptiques en note à des ouvrages déjà cités.

La structure de l'introduction de l'ouvrage [1–12] est particulière : elle détaille les approches méthodologiques et les caractéristiques du champ de recherche en anticipant largement les conclusions et en énonçant des critères méthodologiques qui s'écartent en partie des canons de la lexicologie historique (« la chronologie à elle seule ne détermine pas la trajectoire étymologique » [8]). La terminologie est très riche et pertinente (même si les termes philologie et pragmatique (et distribution[nel]) sont parfois compris dans un sens trop général [par ex. 339]). À l'intérieur même de cette dernière catégorie, au moins un terme mérite d'être retenu : celui de pérégrinisme [305, 395], qui présente l'intérêt de synthétiser une trajectoire historique typique de nombreux européanismes (dont nombre de ceux dont il est question ici) soumis à un passage complexe d'une langue à l'autre, avec des adaptations différant par leur type et leur influence, pour revenir fréquemment sous une autre forme dans la langue de départ. La précision de la reconstruction est telle qu'on regrette l'absence de schémas récapitulatifs des parcours suivis par ces différents mots. L'analyse se concentre sur les principales langues de la culture occidentale, énumérées dans le titre, en tenant compte de la nature d'« internationalismes » des lexèmes considérés, ce qui implique des réflexions sur la nature du contact linguistique « écrit » [3–4], déjà entamées ailleurs par l'auteur (voir la bibliographie). Ce dernier accorde également une attention particulière, tout à fait justifiée dans ce domaine, aux « discours métalinguistiques » [9]. La pertinence de cette approche est manifeste à plusieurs reprises : par exemple, un récit anglais d'un voyage en Italie révélant une distinction nette entre Bugeron[s] (erastetes) et Bardassoes (eromenoi) locaux [79] ; l'introduction du terme all. Tribade, explicitement justifiée par la source elle-même comme une citation de Martial [159] ; l'histoire de la famille lexicale d'inversion et inverted reconstruite dans l'importante monographie de 1897, Sexual Inversion [332] ; les critiques visant la famille néologique d'homosexuel motivées par sa structure hybride, partagée aujourd'hui par tant d'européanismes [358]. Le choix du début du xx e siècle comme terme des aperçus historiques semble très raisonnable : on évite ainsi la surreprésentation de la documentation plus récente, sous l'effet notamment de l'évolution rapide des questions liées aux droits civils au cours des dernières décennies. Les observations occasionnelles sur les usages linguistiques plus récents sont motivées par le renvoi à des études souhaitables dans le futur : citons au moins les vives controverses sur l'introduction récente de queer [450–455] et la tendance défavorable aux termes lesbian [263–264] et homosexual [391] à l'œuvre dans la communauté LGBTQ anglophone au xxi e siècle.

Au niveau macrostructurel, la nomenclature est programmatiquement restreinte à douze substantifs qui peuvent être définis comme des « européanismes » (sodomite, sodomie [15–50], bougre [51–84], bardache [85–122], tribade, tribadisme [123–163], pédéraste, pédérastie [165–196], saphiste, saphisme [197–229], lesbienne, lesbianisme [231–270], uraniste, uranisme [271–301], inverti·e, inversion [303–336], homosexuel·le, homosexualité [337–394], gay [395–440], queer [441–467]), décision elle aussi justifiée de manière convaincante dans l'introduction [10]. La microstructure des entrées [10–11] suit le principe d'une « présentation sous forme de fil narratif cohérent » [9]. Même si la sélection peut paraître draconienne à première vue (cf. « Les termes cynède, catamite, ganymède, succube [qui] sont autant d'adaptations du latin ou du grec et représentent des internationalismes historiques qui mériteraient une investigation d'un point de vue comparatiste » [85] ou la famille du lat. fricare, à peine mentionnée [139–141]), la richesse des résultats contredit cette critique. Il en résulte plutôt une incitation à de futures recherches sur le champ sémantique en question, par exemple sur la productivité particulière dans plusieurs langues européennes des formations déanthroponymiques, généralement péjoratives, pour désigner un 'homme homosexuel', un 'homme efféminé' et plus rarement une 'femme homosexuelle' (it. checca, lella, esp. maricón et anciennement marión, angl. nancy, etc.). De plus, le manque de variété du champ lexical pris en compte est parfois une simple apparence : ainsi Ketzer, Ketzerei se trouve-t-il traité sous bougre ; (con)fricatrice, frotteuse, ribaude, clitorisme et aselgotripsie à l'entrée tribade, tribadisme ; troisième sexe au chapitre uraniste, uranisme ; all. conträrsexual au chapitre inverti·e, inversion ; angl. homogenic sous homosexuel·le, homosexualité ; fr. transpédégouine, d'où esp. transmari(ca)bollo, sous queer. L'Index des mots, fort détaillé [491–515], est donc indispensable. Il faut bien sûr accepter le postulat de recherche selon lequel les sources documentent uniquement les usages de l'écrit le plus contrôlé, sans prétendre reconstruire d'autres niveaux diaphasiques ni, en diamésie, les données de l'oralité (du reste inaccessibles pour les époques les plus lointaines). À l'intérieur de ces limites inévitables, on soulignera la remarquable richesse des données et des réflexions et la précision extrême des descriptions (allant jusqu'à distinguer les attestations historiques d'homosexuel avec et sans trait d'union [353]) ; en outre, du point de vue sémantique, on trouve ponctuellement une désambiguïsation des acceptions, bien plus variées qu'il n'y paraît de prime abord, phénomène normal dans la phase initiale de la vie des mots [par ex. 378, 381–382, 387 et passim].

Il serait impossible de rendre compte ici de la myriade de résultats mis en lumière par ces incursions historico-lexicales. En effet, selon les principes de l'étymologie-histoire du mot, l'auteur dépouille toutes les sources canoniques pour suivre les destinées de chaque lexème dans chacune des langues considérées, en cernant séparément leurs acceptions individuelles et leurs usages notables dans des sources présentant un intérêt particulier ou dans l'ensemble de la langue. Les résultats sont de véritables biographies de mots et des excursus lexicologiques majeurs : ainsi, la synonymie établie à une époque relativement récente en allemand entre 'Sodomieʼ et 'Tierschändungʼ ('bestialitéʼ) [30–33] ; la remarquable richesse des variantes formelles de bujarrón dans le monde hispanophone [70–73] ; l'évolution sémantique berdache ʻtransgenre amérindien·neʼ en français nord-américain [111–122] ; la curieuse circonstance, peut-être non fortuite, faisant figurer esp. safista 'femme homosexuelle' au premier abord dans des sources latino-américaines, tandis que la forme argotique homonyme attestée en Espagne au sens de 'voleur de mouchoir' semble être une formation indépendante [219–220] ; les exemples récurrents de réappropriation militante des décennies avant les cas actuels, bien connus, de queer et gay, ce dernier ayant des origines argotiques plus complexes [396, 399–412] : fr. pédé et gouine, all. schwul, it. frocio ainsi qu'esp. maricón et bollera [442 et passim], et auparavant inverti et inversion [319–320] ; la productivité exceptionnelle du type homosexuel et de chacune de ses composantes (y compris dans des formations rares, voire très rares, comme fr. monosexie [340], it. omoestesia [366] et esp. homoerasta [368]) ; celle de gay limitée au contraire aux syntagmes nominaux et adjectivaux anglais empruntés avec ou sans adaptation dans d'autres langues ; la diffusion difficile et tardive de gay au détriment de schwul en Allemagne [439–440] ; la réticence et l'imprécision singulières et séculaires de la lexicographie allemande [158, 229, 350], contrebalancées par la créativité lexicale des intellectuels germanophones dès la seconde moitié du xix e siècle et, plus généralement, le rôle pionnier joué par des personnages tels que l'Allemand Karl Heinrich Ulrichs, non seulement pour la nomenclature, mais aussi pour la connotation publique de l'homosexualité masculine en un sens enfin non péjoratif [271] ; la désignation suggestive et significative de l'homosexualité comme vice allemand [318, 356–358].

L'auteur accorde au rôle du latin médiéval et même moderne [p. ex. 269] la place qui lui revient dans l'histoire des mots considérés, sans renoncer aux évaluations philologiques [17–21] ni aux références opportunes aux langues et littératures classiques [124–126, 233, 246], alors que d'autres travaux de recherche en lexicologie sont loin de présenter une analyse aussi pertinente de ce pan de l'histoire lexicale. Le cœur des divers chapitres est cependant le lexique français. Les chercheurs d'autres aires de langue romane pourraient souhaiter davantage d'informations, au demeurant accessoires dans ce contexte : ainsi, une référence aux deux passages de la Divine Comédie décrivant les châtiments des « sodomites » dans l'Enfer et le Purgatoire n'aurait pas été superflue, puisque, sur les 16 attestations italiennes des types sodomita, sodomitico [35–36], six proviennent de commentaires anciens sur ces contextes. Dante, quant à lui, n'emploie le toponyme biblique que dans une fonction métonymique « a mo' di collettivo » (Varanini in EncDantesca). À propos des sources italiennes du xiv e siècle, il conviendrait de préciser la provenance géographique, au moins approximative, de textes tels que « les registres des Ufficiali di notte » [90]. Enfin, l'interprétation proposée pour la citation de Krünitz (1787) [195] paraît inexacte.

On déplorera l'absence d'un chapitre de synthèse résumant les différents approfondissements historico-lexicaux. Il aurait été bienvenu de souligner, entre autres, la fréquente antériorité de la documentation italoromane, qui contient les premières attestations des types bardache, bougre (buggeressa) et tribade, puis germanophone (Uranier/Urning 'uraniste', conträre Sexualempfindung/Verkehrung 'inversion, homosexualité', homosexuell). Un phénomène moins surprenant, mais appelant néanmoins lui aussi un bilan, est la récurrence du rôle décisif du français (et plus rarement de l'italien) dans la médiation et la diffusion des néologismes vers les autres langues européennes, sinon dans leur création : les indices plaidant en ce sens sont aussi bien lexicaux que sémantiques, textuels et extralinguistiques. En outre, l'auteur constate qu'à l'occasion, l'opinion commune et même la lexicographie contemporaine attribuent à tort à la langue anglaise le rôle historique joué par le français [259, 323] ou l'allemand [363].

Le traitement des déonymes, particulièrement les dérivés de Sodoma [36–37] et de Lesbo [248–254], s'appuie sur un usage approprié du Deonomasticon Italicum. L'auteur suggère même d'éventuelles améliorations des articles correspondants du DI [36, 246 n. 53], notamment en ce qui concerne la datation des Rime de Cecco Angiolieri et celle du Tesoretto de Brunetto Latini, corrigées sur la base de l'OVI ; de même pour le TLF et d'autres répertoires historiques du français [54].

Les recherches portant de manière canonique sur l'histoire du lexique sont circonstanciées et critiques : sans parler des nombreux cas comblant désormais des lacunes majeures de la documentation, on ne sera guère surpris du grand nombre de corrections apportées aux histoires de mots répandues ou largement acceptées. Ces conclusions purement historico-étymologiques sont utilement résumées dans des encarts [22, 46, 54, 66, 70, 88, 182, 324, 399] : distingués par la typographie, à la manière des manuels d'enseignement, et intitulés « Remarques », ces passages viennent compléter les sous-chapitres intitulés « Remarques lexicographiques » faisant suite à la documentation des entrées dans chaque langue. Curieusement, dans le reste du livre, des renvois à des questions marginales non approfondies dans l'ouvrage sont mis en évidence de la même manière [75, 167, 186, 189, 192, 284, 312, 321, 328, 333, 344, 379, 386, 412, 423, 450, 458, 463]. Parmi tant d'autres éléments novateurs risquant de rester dans l'ombre, on se contentera de citer quelques exemples, à savoir, la reconstruction de l'origine du type uraniste/uranisme [271–283] : l'auteur parvient à retracer avec une précision documentaire l'acte onomaturgique, la mention d'Aphrodite Uranie (ou céleste) dans le Banquet de Platon, et donc à réfuter, même si ce n'est qu'implicitement, les ouvrages étymologiques faisant autorité qui cherchaient l'étymon dans Uranus, émasculé par son fils (cf. au moins Prati 1951 et DEI, en continuité avec une tendance de la lexicographie italienne, inaugurée par Panzini [293], aboutissant à obscurcir presque délibérément les origines de la famille de mots). La chronologie récente proposée pour l'évolution sémantique de l'anglo-américain gay 'gai, joyeux ; vif, haut en couleurs ; libéré, frivole' > 'homosexuel' est également largement novatrice et bien documentée [398–405].

Comme on l'a déjà mentionné, l'auteur affirme vouloir aborder également des questions plus vastes et plus ambitieuses : l'uniformité dans des langues européennes typologiquement et génétiquement hétérogènes ; le contact linguistique ; les tabous ; le contexte pragmatique. Or l'absence d'un chapitre de conclusion, déjà signalée elle aussi, conduit à l'éparpillement de ces propositions novatrices à travers l'ouvrage (p. ex. la réduction récurrente de la terminologie aux catégories textuelles et aux registres de la pathologie médicale et de la médecine légale, auxquels est venu s'ajouter plus récemment le registre « militant » [330] ; la force particulière des motivations liées aux tabous à l'égard des désignations et de la reconnaissance même de l'homosexualité féminine [162, 249, 264, 339 et passim], au point que les désignations modernes, au-delà d'emplois sporadiques, ne s'établissent qu'au xix e siècle [241] ; les divergences que l'on constate aujourd'hui entre les sources primaires du passé et les relevés lexicographiques [209]).

La correction formelle de l'expression est impressionnante. Quelques coquilles isolées dans les transcriptions du grec sont détectables en raison de leur récurrence : « grec τριβάς (pl. accus. τριβάδος) » [123] (à corriger en sing. gén. τριβάδος ou pl. accus. τριβάδες) ; « Lesbos (translittération latine du grec λέσβος) » (sans majuscule initiale) [231] ; « le verbe grec lesbiazein (λεσβίζειν)» [232] ; « Ούρανία » pour Οὐρανία [271]. Signalons en outre une interprétation étymologique douteuse : le néologisme de Proudhon homoïousien 'homosexuel' [341] n'est probablement pas une « francisation du grec ὅμοιος », mais plutôt une resémantisation du gr. chrétien ὁμοιούσιος 'de la même essence (se référant au Christ par rapport à Dieu le Père)'. On peut ajouter « l'italien travesti (du verbe travestire) » [387 n. 160] mais, selon toute apparence, rien d'autre qui soit significatif.

Pour les raisons exposées en introduction, on se réjouira qu'une lacune aussi évidente de la recherche lexicale ait été comblée par un linguiste disposant d'une telle formation, au prix d'un travail extrêmement rigoureux. Ayant déjà abordé le sujet dans plusieurs contributions, l'auteur sait éviter la superficialité découlant potentiellement des implications extralinguistiques du sujet abordé, qui apparaissent ici uniquement en fonction de l'analyse linguistique au sens large. La documentation historique allie de manière exemplaire un dépouillement ponctuel des ouvrages de référence essentiels et les recherches menées dans les bibliothèques numériques aujourd'hui disponibles (au premier rang desquelles Google Livres). Cela permet de nombreuses rétrodatations et découvertes concernant non seulement les mots, mais aussi leurs implications pragmatiques et diatextuelles. Le noyau historico-linguistique de l'analyse va de pair avec la compréhension faible, voire inexistante, de l'univers non hétérosexuel dans les siècles passés, telle qu'elle ressort par exemple des désignations des bisexuels et des transsexuels dans l'histoire [289 ; 378–390] ou des doctes élucubrations sur l'anatomie féminine et celle des lesbiennes en particulier [127–136 et passim]. D'autre part, on ne manquera pas de relever que l'ordre chronologique des lemmes-chapitres (de sodomite à queer !) renvoie également aux évolutions extralinguistiques de la société, et il n'est sans doute pas hors de propos d'envisager que cette recherche puisse s'avérer profitable hors du périmètre strictement délimité de l'histoire du lexique, étant donné le manque de profondeur historique qui caractérise certaines des récentes propositions linguistiques inclusives pleines de bonnes intentions.

Bibliographie 1 EncDantesca = Enciclopedia dantesca, 6 vol., Roma, Istituto della Enciclopedia italiana, 1970–1978. 2 Hawke, Andrew, Quotation evidence and definitions, in : Durkin, Philip (ed.), The Oxford handbook of lexicography, Oxford, Oxford University Press, 2016, 176–202. 3 Maconi, Ludovica, Retrodatazioni lessicali con Google Libri: opportunità e inganni della rete, in : Maconi, Ludovica/Marazzini, Claudio (edd.), L'italiano elettronico. Vocabolari, corpora, archivi testuali e sonori. Firenze, 6–8 novembre 2014. Atti, Firenze, Accademia della Crusca, 2016, 73–93.

By Francesco Crifò

Reported by Author

Titel:
Nicholas Lo Vecchio, Dictionnaire historique du lexique de l'homosexualité. Transferts linguistiques et culturels entre français, italien, espagnol, anglais et allemand (TraLiRo – Lexicologie, onomastique et lexicographie), Strasbourg, Éditions de Linguistique et de Philologie, 2020, XIV + 515 p
Autor/in / Beteiligte Person: Crifò, Francesco
Link:
Zeitschrift: Zeitschrift für Romanische Philologie, Jg. 138 (2022-09-01), Heft 3, S. 1003-1009
Veröffentlichung: 2022
Medientyp: review
ISSN: 0049-8661 (print)
DOI: 10.1515/zrp-2022-0050
Sonstiges:
  • Nachgewiesen in: DACH Information
  • Sprachen: French
  • Language: French
  • Document Type: Book Review
  • Author Affiliations: 1 = Università degli Studi di Salerno, Dipartimento di Studi Umanistici, Via Giovanni Paolo II, 132, I-84084 Fisciano, (SA) Italy
  • Full Text Word Count: 3099

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