Zum Hauptinhalt springen

« Mon cors stracoruza » : une note lexicale franco-italienne.

Guariglia, Federico
In: Zeitschrift für Romanische Philologie, Jg. 138 (2022-12-01), Heft 4, S. 1283-1298
Online academicJournal

« Mon cors stracoruza » : une note lexicale franco-italienne 

The aim of the article is to study the prefixation in stra- in the texts of Franco-Italian literature. Starting from the attestation of the word stracoruza in the chanson de geste Huon d'Auvergne, the analysis will consider other similar derivatives, in order to study the interesting phenomenon of code-mixing. The conclusions underline, once again, the lexical and morphological vitality of the French-Italian authors and their works.

Keywords: Franco-Italian literature; Chanson de geste; Huon d'Auvergne; Morphology; XIVth century; prefix stra-; Littérature franco-italienne; Morphologie; XIVe siècle; préfixe stra-

Remerciements Je tiens à remercier Andrea Beretta pour la précieuse discussion sur les formes préfixées et Chiara Cracco et Kasser Helou pour leur révision linguistique.

1 Introduction

Parmi les chansons de geste qui composent la littérature franco-vénitienne, il faut accorder une place toute particulière à Huon d'Auvergne, une « chanson de geste sui generis » ([65] 2012, 97). Le texte est conservé dans quatre manuscrits : B = Berlin, Kupferstichkabinett, Ham. 337 (= 78 D 8), T = Turin, Biblioteca Nazionale Universitaria N.III.19, P = Padova, Biblioteca del Seminario Arcivescovile 32 et Br = fragment Barbieri, Bologna, Biblioteca dell'Archiginnasio B 3489. L'œuvre est divisée en trois parties qui représentent autant d'épisodes autonomes que seule la traduction en roman d'Andrea da Barberino réunit en un texte intégral.

Le manuscrit de Padoue commence par le premier épisode, qui raconte l'amour qu'éprouve Sophia, la femme de Sanguine, pour le héros Huon, et la fausse accusation de viol qu'elle lance contre le héros après qu'il l'a rejetée ; l'épisode se termine par la punition de Sophia.

La deuxième partie raconte l'arrivée de Huon et de son épouse Ynide à la cour de Charles Martel : le roi, tombé amoureux d'Ynide, imagine, avec le jongleur Saudin, l'enlèvement du héros afin de l'envoyer en Enfer pour exiger un tribut à Lucifer. Le voyage de Huon est divisé en trois parties : le héros se rend d'abord dans des lieux de pèlerinage (Jérusalem, Rome), puis il visite des territoires exotiques et fictifs (le jardin de l'arche de Noé, la Terre du prêtre Jean), et enfin il arrive en Enfer. La catabase de Huon s'ouvre sur la nécessité de choisir un guide parmi les trois personnages qui se présentent à lui : le Diable, Énée (« om m'apellent Enée »,- v. 8941) et Guillaume d'Orange. Huon choisit ce dernier. Après avoir traversé le fleuve de l'Au-delà, le protagoniste entre dans le premier cercle de l'Enfer, qui contient, au premier niveau, « la gient qui ne fien bien ni mal » (v. 9348). Le deuxième cercle est habité par les Sodomites, suivis par les vaniteux dans le troisième cercle, les avares envers les autres dans le quatrième, et enfin, dans le cinquième, les bouffons et les débauchés. Huon doit traverser l'Achéron pour atteindre le deuxième Enfer, où sont logés les esprits des ecclésiastiques et des non-baptisés. Suit la représentation du Château des Sept Portes, qui abrite les esprits magiques, les nécromanciens et les astrologues, les héros troyens et achéens, Nicomaque, les héros des chansons de geste, un groupe d'âmes non identifiées, les Hypocrites, les Sept Arts Libéraux, Pythagore et les musiciens. La dernière zone de l'Enfer est consacrée aux traîtres, dont Ruggier, Gano di Maganza et Caïn. Enfin, Huon se présente devant Lucifer, en présence duquel il exige et obtient l'hommage de Charles Martel. Le voyage de Huon s'achève après sept ans d'errance par son retour à la cour du roi de France, alors lui-même emprisonné en Enfer, ce qui rend nécessaire l'élection d'un nouveau roi.

Le dernier épisode, qui ne figure pas dans le manuscrit de Padoue, raconte le siège de Rome par les Sarrasins, qui ne furent vaincus que par l'arrivée des Français et des Allemands appelés par Huon. Après avoir chassé l'ennemi, les deux factions s'affrontent dans un tournoi pour la couronne impériale dont les Allemands sortent vainqueurs. Huon, blessé par Thomas de Luxembourg, meurt, suivi de peu par sa femme Ynide.

Huon d'Auvergne appartient à l'épopée dite tardive, dans laquelle les thèmes traditionnels des chansons de geste rencontrent des éléments issus de genres littéraires voisins. Ces topoi stylistiques comprennent, entre autres, les thèmes de l'amour et ceux de l'aventure, du voyage et du merveilleux.

2 Mon cors stracoruza

Lorsque Huon arrive à la cour de Charles Martel, le roi [sic] le reçoit avec tous les honneurs. La reine, son épouse, demande au paladin d'organiser une cérémonie pour les dames du royaume, en veillant à ce qu'aucun homme ne s'approche de la célébration. Huon s'acquitte de sa tâche avec diligence. Néanmoins, Charles Martel et le perfide conseiller Saudin se déguisent et descendent dans les rues pour admirer les dames du royaume. Ils se dirigent vers la plus belle d'entre elles, Ynide, épouse de Huon, et commencent à la harceler. Charles Martel lui révèle son identité et lui avoue son amour, un amour inspiré par sa beauté. Ynide le repousse et jure de tout dire à Huon. Charles Martel, revenu à la cour, s'enferme dans sa chambre et n'en sort pas en raison du chagrin que lui a causé ce rejet. Saudin conseille alors au roi d'envoyer Huon faire une expédition en Enfer. Charles Martel convoque le paladin, qui ignore toujours le comportement du roi, et lui confie cette terrible mission. Huon, en fidèle vassal du roi, n'a d'autre choix que d'accepter, bien qu'il soit parfaitement conscient qu'il s'agit d'une mission qui n'a aucune chance de succès. Huon organise un banquet à sa cour pour annoncer l'expédition à son peuple et à sa femme Ynide. Un diable, déguisé en pèlerin, apparaît à la fête et est chassé par les prières du paladin. Huon est alors contraint de raconter la mission que le roi lui a confiée. Voici le discours de Huon, où le paladin exprime tout son désespoir et confie son royaume à Dieu.

Aprés disner, le quuens Hue parlla

A maint de soe gient que iluech s'aresta ;

De maintes çonse bien les amaistra,

Com il dont fere, com il l'encontrera,

De tretot ce qu'il cuide ja venra.

Aprés de ce, sa querelle dit i a,

Com Karlles Martel dou grant fais l'encharja.

Aveque sis baron, que ce l'en conseilla,

Tote l'afair le dit ; ja mot non lui cella :

« Bien conois le partiç, mon cors stracoruza ;

Altre non poit estre ; sera que Die plaira,

Ni anch portant mon cors ja perjur no sera,

Né loiauté jamés por moy n'empirera,

Tant com ge soy en vie, fey en moy se tr[o]vera.

D'une riens je vos proy, quant hom partiç sera,

Que endolosier por moy ni vos i meteç ja ;

Riens ni valdroit, mes daumage sera.

Teneç vos bellemant au miel qe l'om pora.

Proieç por moy Yhesu, que Laçare suscita,

Qu'il moy laist acomplir tot ce por que hom va

En ce bien metra fin Yhesu quan le pleira.

A Diex vos en comant. Le termen voisina

Qe en queste entrerai ; plus de termin non s'a.

Ja hom vivant, ce croy, ja plus ne moy vera,

E je non say la voige o ces topin ira :

A tapin m'en iray, demandant za et la. [...] »

(Huon d'Auvergne, ms. B, vers 1030–1055)

Le désespoir de Huon se manifeste immédiatement par l'emploi du verbe stracoruza, 3e personne du passé simple de la variante intensive du verbe corroucer 'affliger, contrarier, irriter, fâcher ; s'affliger, se fâcher' (DMF 2020 s.v.). Le verbe, tel qu'il apparaît dans le texte, n'est pas attesté dans les dictionnaires d'ancien français consultés. Cet usage est particulièrement intéressant et significatif en termes de création lexicale dans la littérature franco-italienne. La forme intensive, en effet, n'est attestée nulle part, et l'utilisation du préfixe intensif stra-, extra-, stre- n'est pas non plus attestée dans la littérature médiévale en langue d'oïl.

3 Le préfixe stra -

Du point de vue étymologique, stra- remonte à latin extra -, avec le sens adverbial locatif de 'hors, extérieurement' et le sens prépositionnel de 'hors, étranger à, au-delà' ([45] 2012, 93 ; [30] 2012, 437). En latin, extra- n'appartenait donc pas aux préfixes de nature évaluative, mais sa fonction locative concrète a permis le développement, d'abord en italien puis en français, d'un sens figuré de 'au-delà de la limite, au-delà de la mesure' (Rohlfs 1969, 353). Cette transition est bien illustrée par l'adjectif extraordinaire, extraordinarius , qui est passé du sens militaire de 'supplémentaire' à 'hors du commun' ([45] 2012, 94). La valeur de 'au-delà de la mesure' désigne donc la possession au plus haut degré d'une certaine qualité et, par conséquent, explique l'utilisation du préfixe à valeur augmentative. En italien, donc, un objet stracostoso possédera totalement et au-delà de toute mesure la qualité d'être cher (costoso).

L'évolution de la fonction du préfixe a connu une chronologie complètement différente en italien et en français. En français, « ce n'est qu'au XIXe siècle qu'ils [supra- et extra-] commencent à être employés dans la langue commune avec une valeur d'un simple intensif » ([30] 2012, 437). Le préfixe a donc conservé le sens latin de 'dehors' jusqu'au milieu du XIXe siècle, puis a évolué vers un sens augmentatif : « Flaubert en use abondamment : extra-gracieux, extra-grotesque, extra-lyrique, extra-pointu [...] » (Guilbert-Dubois 1961, 91 ; [30] 2012, 438). Il se trouve aussi chez Balzac et Baudelaire avec la valeur intensive ([31] 2004, 79).

Au XIXe siècle, les dérivés préfixés en extra- étaient principalement adjectivaux, et ce n'est qu'au XXe siècle que cette préfixation à valeur intensive est étendue aux bases nominales ([30] 2012, 438). Néanmoins, extra- a conservé une plus grande incidence dans les formations adjectivales, à tel point que dans une description générale de son utilisation, on pourrait dire qu'il est utilisé pour « préfixer librement de nombreux adjectifs marquant des propriétés physiques » ([30] 2012, 441).

En italien, la situation de stra-, continuateur de extra -, est différente. Dès l'italien médiéval, les dérivations préfixales étaient productives et vivantes ([24] 2005, 278). Cependant, les préfixes utilisés jusqu'au XVIIe siècle n'ont généralement pas survécu en italien contemporain ([45] 2012, 91). Dans cette situation de modification substantielle du système des préfixes en italien contemporain, stra- est une exception. Le passage de la valeur locative à la valeur intensive s'est produit, en fait, au début de l'histoire des scriptae italo-romanze. Ainsi, les formes en stra- en italien médiéval possédaient la même valeur augmentative que les dérivés en stra- de l'italien contemporain ([45] 2012, 92). Toujours dans le cas de l'ancien italien, la majorité des attestations littéraires fait partie des dérivés adjectivaux, qui représentaient, selon [45] (2012, 94), environ 75% du nombre total des dérivés en stra-. Les verbes, comme dans l'exemple de Huon d'Auvergne, couvrent 8,75% du corpus. L'évaluation devra certainement être mise à jour, en fonction de l'enrichissement récent du corpus OVI. Néanmoins, les pourcentages ne semblent pas avoir changé. Les verbes identifiés par [45] (2012, 97) sont stracorrere, stradolcire, stragodere, stralucere, straparlare et strapregare. À ces exemples, nous pouvons ajouter les suivants (OVI-TLIO) : istrabattere (Bartolomeo da San Concordio), stradolere (Bonvesin, De scriptura nigra 388 ; De scriptura rubra 159), strafiggere (Lett. Lucch. XIII – avec un sens intensif, il existe aussi trafiggere < trans-), strafrizer (Neminem laedi pav. 30), stranghiottire (Anonimo Genovese 134.215 ; Legg. S. Margherita 684), strambasciare (Pucci, Centiloquio 62), stramenar (Diatessaron 113), strangosciare (ex. pseudo-Uguccione, Istoria 827) et strapiacere (Tratao pecai I). Il existe également quelques verbes dont la valeur intensive doit être vérifiée : par exemple stramortire (Anonimo Genovese, 'privare di tutte le forze' TLIO s.v.) et stramadezar (Bonvesin, De anima cum corpore 238).

La valeur du préfixe stra- identifiée dans l'exemple du Huon d'Auvergne, celle de stracoruza, est donc à mettre en relation avec la morphologie constructionnelle italienne, puisque la valeur intensive du préfixe n'est pas attestée, à cette époque, en français.

Outre la présence de la préfixation en stra- en italien, qui est maintenant bien établie (cf. OVI ; TLIO), on pourrait considérer ce trait comme spécifique du franco-italien. Les éléments linguistiques qui caractérisent le franco-italien ont été longuement discutés (cf. [27] 1998, 729 ; 733–743), non sans débats dans l'évaluation des résultats linguistiques (cf. [6] 2015). Cependant, en ce qui concerne la préfixation en stra-, il ne semble y avoir aucun doute. Tout d'abord, au niveau phonétique, le passage extra - > stra- montre la chute de e- prosthétique, caractéristique répandue dans les textes français écrits par des copistes italiens (cf., par exemple, [80] 2016 a, 16–17). Au niveau morphologique, s'opère un mélange entre les deux systèmes linguistiques. La base lexicale est française, comme dans le cas de Huon, tandis que le dérivé appartient aux scriptae italiennes. On pourrait décrire le mécanisme en recourant au concept de code-mixing, une référence au concept sociolinguistique de code-switching, déjà utilisé par Barbato pour décrire la koiné franco-italienne (cf. [3] 2013, 195–197 ; 2015, 50–51 ; cf. aussi [21] 2016, 81). Parmi les positions identifiées par Barbato dans sa description du mélange de systèmes linguistiques, le phénomène à l'œuvre dans le texte pourrait occuper la position b, à savoir « ricodifica meccanica ma non integrale : il risultato è un ibrido tra il codice di partenza e quello d'arrivo ». Les positions b et c (ce dernier étant décrit comme une « ricodifica piena ma superficiale : il codice preesistente resta chiaramente visibile », [4] 2015, 50) sont utilisées par Barbato pour décrire le franco-italien. En réélaborant la formulation d'[30] (2012, 440), nous nous trouverons donc dans la situation suivante :

intens (fr. corroucer) = [préf. intens. it. stra- [fr. corroucer]] = franco-it. stracorroucer.

4 Le préfixe stra- dans la littérature franco-italienne

La préfixation en stra- fait donc partie d'un degré de mélange des systèmes généralement associé au franco-italien ([4] 2015, 51). Il reste à vérifier si le phénomène se limite uniquement au Huon d'Auvergne ou s'il est présent dans d'autres textes de la production franco-italienne.

L'enquête se révèle fructueuse. On relève des dérivés préfixés en stra- dans quelques textes à sujet épique localisables dans l'espace vénéto-émilien, parmi lesquels l'Aquilon de Bavière (éd. Wunderli 1982–2007 ; Babbi/Bertolini 1979) et la Guerra d'Attila (éd. [7] 1907 ; Bertoni/Stendardo 1941). Une attestation de la forme préfixale stra- se trouve également dans la Mort Charlemagne (éd. [36] 1989), dans le Jugement d'Amour (éd. [19] 2016) et dans l'Entrée d'Espagne (éd. [74] 2007).

Localisation Dérivé (et contexte)

Entrée d'Espagne, v. 13613 Chant Rolant l'ot oï, si en fu strapensé.

Jugement d'Amour, v. 167 Smari ne sta e strapenssiz

Guerra d'Attila, I, V, 130 Oiez de Galeran cum sa force strabaut

Guerra d'Attila, I, II, 1115 Jus por mi un riu son çhival sistracort

Guerra d'Attila, II, XVI, 8233 Et de cors et de piz puis se suntstraferu

Mort Charlemagne, 853 ch'io non sia straferu o de spié o de lança

Guerra d'Attila, I, XII, 199–200 Que de grant voloir tout si strafuma | Par venger la plaie que Menappus li dona

Aquilon de Bavière, 4, LXIII, 2 Li cont estoit strafumés da li calor de les armes

Aquilon de Bavière, 4, XXXVIII, 22 Li quatre compagnon che forent a la colone zairent a tere stramortis, e non soi levarent de peze

Le premier exemple est similaire à l'attestation de la préfixation dans l'Huon. La signification, ainsi que les sentiments de Roland, sont analogues à ceux de Huon d'Auvergne. Le participe passé-adjectif strapensé représente ici une variante intensive de (être) pensé, c'est-à-dire '[être] absorbé dans ses pensées' (DMF 2020 s.v.), donc comparable au participe passé-adjectif corroucé. La forme adjectivale strapenssiz se retrouve dans le Jugement d'Amour. Il s'agit du seul texte, parmi ceux présentés, à ne pas être localisé en Vénétie, mais à provenir du territoire géno-pisan (cf. [19] 2016, 19–20). Dans le Jugement, le lexème est un intensif de pensiz, avec un sens également similaire à celui de coroucer de Huon.

Le troisième exemple, tiré d'Attila, est un intensif du verbe battre, que Bertoni/Stendardo (1941, 460) traduisent par 'travolgere, scompigliare'. Le verbe est attesté, même si ce n'est que dans un seul contexte, également dans la région toscane, dans les écrits de Bartolomeo da San Concordio (TLIO) : « spesse volte la ricevuta cura del reggere istrabatte il cuore ». L'item suivant, stracort, est également attesté dans l'Attila. Bertoni/Stendardo (1941, 460) le traduisent simplement par 'correre'. La définition du TLIO du verbe stracorrere (Maramauro 17 et Splanamento XIII) est plus précise : 'correre a tutta velocità', ce qui signifie, par extension sémantique, 'darsi da fare in maniera eccessiva'. Le sens du lexème, tel qu'il apparaît dans l'Attila, est comparable au premier sens mentionné par le TLIO. On signale une autre occurrence dans Attila : straferu > straferir. Bertoni/Stendardo (ibid.) traduisent par 'ferire', en laissant de nouveau de côté la valeur intensive de l'action. Le verbe straferir n'est pas enregistré dans l'OVI. Le même verbe straferir se trouve, avec le sens intensif, dans La Mort Charlemagne, un texte caractérisé par une langue « veneta, forse addirittura veneziana, ma più probabilmente trevisana » ([13] 1964, 112).

Le dérivé suivant, le verbe strafumer, n'est pas non plus attesté dans l'OVI. Bien qu'il soit présent dans le glossaire, Bertoni/Stendardo ne rapportent pas sa signification, mais se contentent de copier le passage du texte. Il s'agit très probablement d'un intensif du verbe fumer, au sens figuré. Le DMF 2020 (s.v. fumer) rapporte déjà le sens de 'se mettre en colère' pour la forme réflexive de fumer et 'furieux' pour le participe passé fumé. Dans ce cas, l'intensif est utilisé pour augmenter le sens figuré. Cette lecture est également confirmée par l'attestation du verbe dans un autre texte de la littérature franco-italienne, l'Aquilon de Bavière (« Li cont estoit strafumés da li calor de les armes »). C'est précisément ce dernier texte qui contient la dernière occurrence en stra-, stramortis, proche de l'italien stramortire, qui est attesté avec un sens intensif dans l'Anonimo Genovese. On remarquera la présence simultanée, en italien, du verbe tramortire, dont stramortire constitue une variante intensive.

On signale aussi deux attestations qui peuvent être assimilées aux précédentes, puisque le préfixe se rattache toujours à extra -, bien qu'il ne présente pas toujours la forme stra-, mais, dans le premier cas, extra‑, ce qui traduit une origine savante, et, dans le second cas, stra-. Le premier est contenu dans le Livre du Chevalier Errant de Tommaso III, Comte de Saluzzo (éd. [53] 2008). Il s'agit d'un roman allégorique, moral et didactique de nature encyclopédique, composé entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle. On peut lire au chapitre 58 : « Il me semble chose extracuidable de ces seigneurs qui ne peuvent souffrir entre eulz nul homme povre ne mal habilez ». La forme adjectivale, avec le préfixe extra-, est enregistrée dans le DMF 2020 (s.v. extracuidable) avec le sens de 'extraordinaire, inimaginable, impensable, incroyable', avec pour seule attestation celle du roman de Tommaso. La construction conserve donc un aspect français, mais le mécanisme morphologique est le même : l'utilisation d'un morphème dérivationnel italien, bien que d'apparence française, sur une base française.

La deuxième attestation est présente dans l'Atile en prose (cf. [5] 2017 ; éd. [50] 2021). Dans le texte, on lit stredurement, un adverbe préfixé en stre- (< extra -) : « si stredurement s'entrefirerent que, voile ou ne voille, Atile trebuche a la tere ». Cette forme est intéressante, car elle n'est conservée que dans le manuscrit de Zagreb, Nacionalna i sveučilišna knjižnica 92 (= Z). Pour cette raison, les éditeurs Pesce et Whalen ont choisi de l'amender en si tres durement, selon la leçon du manuscrit de Venise, Biblioteca Nazionale Marciana, Lat. Cl. X. 96 (= V96). Il s'agit de variantes adiaphoriques, puisque dans les deux cas, il s'agit d'une intensification de l'adverbe durement. Les éditeurs ont choisi pour texte de base le manuscrit de Zagreb ([50] 2021, §Manuscrits ; [5] 2017, 146–148), en raison de sa plus grande fidélité à l'archétype, par rapport à V96. La modification de stredurement (Z) en si tres durement (V96) est, dans ce cas, peu utile, puisque, comme on l'a vu plus haut, les formes préfixées en stra-, stre- sont attestées en franco-italien et représentent ce que nous pourrions appeler un trait caractéristique, bien que peu fréquent, de cette variété.

Ces attestations permettent d'observer le comportement du préfixe stra- en franco-italien. D'une part, il existe des lexèmes, tels que strabattre, qui trouvent un équivalent dans les scriptae italiennes (istrabatte). Le copiste italien écrivant en français a ainsi pu s'inspirer d'un vocable déjà présent dans la Péninsule. D'autre part, il existe des dérivés qui ne sont pas attestés en italien. C'est le cas, par exemple, de stracoruza. L'absence du lexème dans les scriptae italiennes peut s'expliquer par deux raisons : soit par son absence dans la langue italienne, soit par la perte des textes qui le préservaient. La deuxième raison est certainement à prendre en compte, à cause de la chronologie des témoins. Néanmoins, le comportement des auteurs et des copistes franco-italiens ne se résume pas à l'intégration de mots italiens en français, créant ainsi des hapax linguistiques ; il montre aussi l'utilisation de morphèmes dérivationnels italiens et de leur application libre à des lexèmes français, sans avoir besoin pour cela d'un modèle correspondant en italien.

Le cas de stracoruza semble justement illustrer cette liberté dérivationnelle. Étant donné que les items du type corrucciare et corrucciarsi sont bien attestés dans le TLIO et que le dérivé avec l'intensificateur stra- a pu être présent dans des textes aujourd'hui perdus, il semble s'agir d'une création franco-italienne.

L'hypothèse pourrait être confortée par la lecture du même passage du manuscrit de Turin (T). Les codices de Berlin et de Turin appartiennent probablement à la même branche du stemma des manuscrits ([64] 2010 ; 2015). Le manuscrit de Berlin (1341) présente une langue française manifestant une forme d'interférence avec les scriptae italiennes. Le manuscrit de Turin (1441), quant à lui, présente une langue italienne avec quelques survivances françaises. Les manuscrits de Huon montrent, en effet, une disparition progressive de l'élément linguistique français, plus présent en B, presque absent en T (cf. [38] 1977). Dans le texte, le discours de Huon est rendu de manière nettement différente : « Ben conose lo partỳ, mé tropo stracorso si à ; | altro non può esere, el serà zò che a Dio piazerà » (Huon d'Auvergne, T, vers 1031–1032). À un certain moment de la tradition, les copistes des manuscrits B et T, qui appartiennent à la même famille, ont interprété la forme différemment. Le manuscrit de Turin n'a pas été copié de B : il n'est donc pas certain qu'il ait dû interpréter la forme stracoruza de B. Néanmoins, le sens originel du passage semble être celui attesté en B, qui est plus proche de l'original. Le copiste de T a donc utilisé un verbe déjà attesté en italien, stracorrere (TLIO s.v.), pour rendre un passage qui a dû paraître inintelligible. La difficulté d'interprétation du vers pourrait donc signifier que le lemme stracorrucciarsi n'existait pas en italien ancien. Par conséquent, stracoruza était une création morpho-lexicale du copiste de B et donc une innovation franco-italienne.

5 Conclusion

Cette courte note a mis en évidence un aspect fondamental du franco-italien, à savoir la grande capacité créative des copistes, qui ne se soucient pas, par exemple, de modifier un mot rimé pour l'adapter à la laisse ([80] 2016 b, 247). La préfixation en stra- démontre également cette tendance franco-italienne d'adaptation morphologique de la langue aux besoins métriques et, dans le cas de Huon, sémantiques. La forme stracoruza n'est donc pas un italianisme au sens propre du terme, mais une création franco-italienne. Ce trait linguistique s'ajoutera donc aux rares traits que nous identifions avec certitude comme étant franco-italiens et qui ne sont pas influencés par les scriptae du français oriental (par ex. à > ié). Ce n'est certainement pas l'objet de cette contribution de discuter des implications d'un trait spécifiquement franco-italien : beaucoup a déjà été écrit et continuera d'être écrit à ce sujet. La création préfixée en stra- n'implique pas l'existence du franco-italien en tant que langue autonome, mais permet sans doute de contextualiser le français d'Italie dans une perspective plus large qui réunit des aspects de géolinguistique et de linguistique historique.

Bibliographie 1 Ageno, Franca, « Soprogni » come doppio prefisso, Lingua nostra 11 (1950), 35–37. 2 Avalle, D'Arco Silvio, Il prefisso per- nella lingua letteraria del Duecento, con un'appendice sul prefisso pro-, Studi di lessicografia italiana 1 (1979), 263–287. 3 Barbato, Marcello, Trasmissione testuale e commutazione del codice linguistico. Esempi italoromanzi, in : Wilhelm, Raymund (ed.), Transcrire et/ou traduire. Variation et changement linguistique dans la tradition manuscrite des textes médiévaux. Actes du congrès international (Klagenfurt, 15–16 novembre 2012), Heidelberg, Winter, 2013, 193–211. 4 Barbato, Marcello, Il franco-italiano : storia e teoria, Medioevo romanzo 39 (2015), 22–51. 5 Beretta, Andrea, Sviluppi plurilingui dell'« Atile en prose ». Prolegomeni ad un'edizione, Francigena 3 (2017), 137–172. 6 Beretta, Carlo/Palumbo, Giovanni, Il franco-italiano in area padana : questioni, problemi e appunti di metodo, Medioevo romanzo 39 (2015), 52–81. 7 Bertoni, Giulio, Attila, poema franco-italiano di Nicola da Casola, Friburgo (CH), Gschwend, 1907. 8 Bourdillon, Jean Louis, Le poeme de Roncevaux, traduit du roman en françois, Dijon, Imprimerie de Frantin, 1840. 9 Boutet, Dominique, La chanson de geste. Forme et signification d'une écriture épique au Moyen Age, Paris, PUF, 1993. Capusso, Maria Grazia, La produzione franco-italiana dei secoli xiii e xiv: convergenze letterarie e linguistiche, in : Oniga, Renato/Vatteroni, Sergio (edd.), Plurilinguismo letterario, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2007, 159–204. Cigni, Fabrizio, Copisti prigionieri (Genova, fine sec. XIII), in : Beltrami, Pietro G. (ed.), Studi di filologia romanza offerti a Valeria Bertolucci Pizzorusso, vol. 1, Pisa, Pacini, 2006, 425–439. Concina, Chiara, Prime indagini su un nuovo frammento franco-veneto del « Milione » di Marco Polo, Romania 125 (2007), 342–369. Contini, Gianfranco, La canzone della « Mort Charlemagne », in : Mélanges de linguistique romane et de philologie médiévale offerts à M. Maurice Delbouille, professeur à l'Université de Liège, vol. 2, Gembloux, Duculot, 1964, 105–126. Cremonesi, Carla, Note di franco-veneto, I. Franco-veneto, franco-italiano, franco-lombardo, II. L'oste: un motivo ricorrente, in : Studi di lingua e letteratura lombarda offerti a Maurizio Vitale, vol. 1, Pisa, Giardini, 1983, 5–21. De Bartholomaeis, Vincenzo, La discesa di Ugo d'Alvernia all'Inferno secondo il frammento di Giovanni Maria Barbieri, in : Memorie della Reale Accademia delle Scienze dell'Istituto di Bologna. Classe di Scienze morali, II, X, 1925–1926, 1–54. Del Río Zamudio, Sagrario, Storia di Ugho da Vernia de Andrea da Barberino. Edición crítica, tesis doctoral inédita, Madrid, Universidad Complutense de Madrid, 2017. DMF 2020 = Martin, Robert/Bazin, Sylvie (edd.), Dictionnaire du Moyen Français (DMF 2020), Nancy, ATILF, 2020, <http://www.atilf.fr/dmf> [dernière consultation : 21.02.2022]. Fassò, Andrea, Gioie cavalleresche. Barbarie e civiltà fra epica e lirica medievale, Roma, Carocci, 2005. Feletto, Lisa, « Florença e Blancheflor ». Edizione e traduzione della redazione franco-italiana del « Jugement d'Amour ». Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Ashburnham 123, thèse, Padova, Università degli Studi di Padova, 2016. Folena, Gianfranco, Culture e lingue nel Veneto medievale, Padova, Editoriale Programma, 1990. Gambino, Francesca, « Code-mixing » nel « Bovo d'Antona » udinese, con una nuova edizione del frammento Udine, Archivio Capitolare, Fondo Nuovi manoscritti 736.28, Francigena 2 (2016), 35–130. Gautier, Léon, Les épopées françaises, 4 vol., Paris, Palmé, 1878–1894. Giacon, Carla, La redazione padovana dell' « Huon d'Auvergne ». Studio, edizione, glossario, Padova, Università degli Studi, Facoltà di Lettere, 1960. Grandi, Nicola/Montermini, Fabio, Valutativi suffissali e prefissali : un'unica categoria ?, in : Grossmann, Maria/Thornton, Anna M. (edd.), La formazione delle parole. Atti del 37. Congresso internazionale di studi della Società di linguistica italiana (L'Aquila, 25–27 settembre 2003), Roma, Bulzoni, 2005, 271–288. Guilbert, Louis/Dubois, Jean, Formation du système préfixal intensif en français moderne et contemporain, Le français moderne 29 (1961), 87–111. Guidot, Bernard, Recherches sur la chanson de geste au XIIIe siècle. D'après certaines oeuvres du cycle de Guillaume d'Orange, 2 vol., Aix-en-Provence, Université de Provence, 1986. Holtus, Günter, Plan- und Kunstsprachen auf romanischer Basis iv. Franko-Italienisch/Le franco-italien, in : Holtus, Günter/Metzeltin, Michael/Schmitt, Christian (edd.), Lexikon der Romanistischen Linguistik (LRL), vol. 7, Tübingen, Niemeyer, 1998, 705–756. Holtus, Günther/Wunderli, Peter, Franco-italien et épopée franco-italienne, Heidelberg, Winter, 2005. Infurna, Marco, La letteratura franco-veneta, in : Boitani, Piero/Mancini, Mario/Vàrvaro, Alberto (edd.), Lo spazio letterario del Medioevo. 2. Il Medioevo volgare, vol. 3 : La ricezione del testo, Roma, Salerno Editrice, 2003, 405–430. Izert, Malgorzata, Prefixes « extra- » et « supra-» comme intensificateurs de la proprieté en français contemporain, Kwartalnik neofilologiczny LIX/4 (2012), 437–446. Janot, Pascal, Les formations par préfixations intensive grecque et latine dans les vocabulaires politiques français et italien d'aujourd'hui, Trieste, Dipartimento di Scienze del Linguaggio dell'Interpretazione e della Traduzione, 2004. Latella, Fortunata, Afr. « somentir », it. « somentire », Francigena 5 (2019), 163–196. Limentani, Alberto, Franco-veneto e latino, in : Varvaro, Alberto (ed.), Atti del XIV Congresso internazionale di linguistica e filologia romanza (Napoli, 15–20 aprile 1974), vol. 2, Napoli/Amsterdam, Macchiaroli/Benjamins, 1976, 505–514. Martin da Canal, Les Estoires de Venise : cronaca veneziana in lingua francese dalle origini al 1275, éd. Limentani, Alberto, Firenze, Olschki, 1972. Mascitelli, Cesare, La « Geste Francor » nel cod. marc. V13. Stile, tradizione, lingua, Strasbourg, ELiPhi, 2020. Meneghetti, Maria Luisa, Ancora sulla Morte (o Testamento) di Carlo Magno, in : Holtus, Günter/Krauss, Henning/Wunderli, Peter (edd.), Testi, cotesti e contesti del franco-italiano. Atti del 1° simposio franco-italiano (Bad Homburg, 13–16 aprile 1987). In memoriam Alberto Limentani, Tübingen, Niemeyer, 1989, 245–284. Meyer, Paul, De l'expansion de la langue française en Italie pendant le Moyen-Âge, in : Atti del Congresso Internazionale di Scienze Storiche (Roma, 1–9 aprile 1903), vol. 4, Roma, Tipografia della Reale Accademia dei Lincei, 1904, 61–104. Möhren, Frankwalt, Huon d'Auvergne/Ugo d'Alvernia : objet de la lexicographie française ou italienne ?, Medioevo romanzo 4 (1977), 312–325. Morgan, Leslie Z., Nida and Carlo Martello : The Padua Manuscript of Huon d'Auvergne (Ms. 32 of the Biblioteca del Seminario Vescovile, 45R-49V), Olifant 23:2 (2004), 65–114. Morgan, Leslie Z., Una lettera inedita di Pio Rajna, seguita da una breve nota di Gaston Paris alla Biblioteca del Seminario Vescovile di Padova a proposito di Huon d'Auvergne, Zeitschrift für romanische Philologie 122 (2006), 184–189. Morgan, Leslie Z./McCormick, Stephen P./Baird, Shira S., The Huon d'Auvergne Digital Archive, Washington & Lee U, 31.08.2017, <www.huondauvergne.org> [dernière consultation : 21.02.2022]. Morlino, Luca, La letteratura francese e provenzale nell'Italia medievale, in : Atlante della letteratura italiana, Torino, Einaudi, 2010, 27–40. Morlino, Luca, Spunti per un riesame della costellazione letteraria franco-italiana, Francigena 1 (2015), 5–82. Morlino, Luca, Enanchet. Dottrinale franco-italiano del XIII secolo sugli stati del mondo, le loro origini e l'amore, Padova, Esedra Editrice, 2017. Napoli, Maria, Uno stra-prefisso: l'evoluzione di stra- nella storia dell'italiano, Rivista italiana di linguistica e dialettologia 14 (2012), 89–99. Nicolò da Casola, La Guerra d'Attila. Poema franco-italiano pubblicato dall'unico manoscritto della R. Biblioteca Estense di Modena.Testo, introduzione, note e glossario di Stendardo, Guido, prefazione di Bertoni, Giulio, Libro I e II, Modena, Società Tipografica Modenese, 1941. OVI = Corpus OVI dell'Italiano antico, éd. Larson, Pär/Artale, Elena, a cura dell'Istituto Opera del Vocabolario Italiano e del Consiglio Nazionale delle Ricerche, <http://gattoweb.ovi.cnr.it/> [dernière consultation : 21.02.2022]. Paquette, Jean-Marcel, L'épopée. Définition du genre, in : Typologie des sources du Moyen Âge occidental, Turnhout, Brepols, 1988, 13–35. Pellegrini, Gian Battista, Franco-veneto e veneto antico, Filologia romanza 3 (1956), 122–140. Pesce, Roberto/Whalen, Logan E., The story of Attila in prose. A critical edition and translation of the « Estoire d'Atile en prose », Milton Park, Taylor and Francis, 2021. Raffaele da Verona, Aquilon de Bavière. Libro quinto, éd. Babbi, Anna Maria/Bertolini, Virginio, Povegliano, Gutenberg, 1979. Raffaele da Verona, Aquilon de Bavière, roman franco-italien en prose (1379–1407). Introduction, édition et commentaire Wunderli, Peter, Tübingen, Niemeyer, 1982–2007. Ramello, Laura, L'edizione del « Livre du Chevalier Errant » (BnF ms. fr. 12559), in : Piccat, Marco (ed.), Tommaso III di Saluzzo, Il Libro del Cavaliere Errante (BnF ms. fr. 12559), Boves, Araba Fenice, 2008, 37–575. Renier, Rodolfo, La discesa di Ugo d'Alvernia allo inferno secondo il codice franco-italiano della Nazionale di Torino per cura di Rodolfo Renier, Bologna, Romagnoli, 1883. Renzi, Lorenzo, Il francese come lingua letteraria e il franco-lombardo. L'epica carolingia nel Veneto, in : Storia della cultura veneta, vol. 1 : Dalle origini al trecento, 1976, 563–589. RIALFrI = Repertorio Informatizzato Antica Letteratura Franco-Italiana (RIALFrI), éd. Gambino, Francesca, Università degli Studi di Padova, Dipartimento di Studi Linguistici e Letterari, versione 1.0, 2011–2019, <www.rialfri.eu> [dernière consultation : 12.03.2022]. Ricca, Davide, Adverbs, in : Baldi, Philip/Cuzzolin, Pierluigi (edd.), New perspectives on historical Latin syntax, vol. 2, Berlin, Mouton de Gruyter, 2010, 109–181. Rohlfs, Gerhard, Grammatica storica della lingua italiana e dei suoi dialetti, vol. 3, Torino, Einaudi, 1969. Roncaglia, Aurelio, La letteratura franco-veneta, in : Checchi, Emilio/Sapegno, Natalino (edd.), Storia della letteratura italiana, vol. 2 : Il Trecento, Milano, Garzanti, 1965, 725–759. Rosellini, Aldo, Il cosiddetto franco-veneto: retrospettive e prospettive, Filologia moderna 2 (1977), 219–303. Roussel, Claude, L'automne de la chanson de geste, Cahiers de recherches médiévales 12 (2005), 1–14, <http://journals.openedition.org/crm/2172>, DOI : 10.4000/crm.2172> (= 2005a). Roussel, Claude, Le mélange des genres dans les chansons de geste tardives, in : Alvar, Carlos/Paredes, Juan (edd.), Les chansons de geste. Actes du XVIeCongrès international de la Société Rencesvals, pour l'étude des épopés romanes (Granada, 21–25 juillet 2003), Granada, Universidad de Granada, 2005, 65–85 (= 2005b). Ruggieri, Ruggero M., Origine, struttura, caratteri del franco-veneto, Orbis 10 (1961), 20–30. Scattolini, Michela G., Ricerche sulla tradizione dell'« Huon d'Auvergne », thèse de doctorat, Siena, Università degli Studi di Siena, 2010. Scattolini, Michela G., Note per un'edizione sinottica dell'« Huon d'Auvergne », in : Gradín, Lorenzo P./Marcenaro, Simone (edd.), El texto medieval : de la edición a la interpretación, Santiago de Compostela, Universidade de Santiago, 2012, 97–112. Scattolini, Michela G., Interpretazione delle varianti e dinamiche della tradizione : l'episodio della discesa all'inferno nell'« Huon d'Auvergne », in : Di Luca, Paolo/Piacentino, Doriana (edd.), Codici, testi, interpretazioni. Studi sull'epica romanza medievale, Napoli, Napoli University Press, 2015, 141–160. Segre, Cesare, La letteratura franco-veneta, in : Malato, Enrico (ed.), Storia della letteratura italiana, vol. 1 : Dalle origini a Dante, Roma, Salerno, 1995, I, 631–647. Stengel, Edmund, Eine weitere Textstelle aus der franco-venezianischen Chanson de Geste von Huon d'Auvergne (nach der Berliner und der Turiner Handschrift), Festschrift zum 13. Allgemeinen Deutschen Neuphilologentage in Hannover, Pfingsten 1908, herausgegeben im Auftrage des Vereins für neuere Sprachen zu Hannover, éd. Philippsthal, Robert, Hannover-List/Berlin, Carl Meyer, 1908. Stengel, Edmund, Huons von Auvergne Keuschheitsprobe, Episode aus der franco-venezianischen Chanson de geste von Huon d'Auvergne nach den drei erhaltenen Fassungen, der Berliner, Turiner und Paduaner, in : Mélanges de philologie romane et d'histoire littéraire offerts à M. Maurice Wilmotte, professeur à l'Université de Liège, à l'occasion de son 25e anniversaire d'enseignement, accompagné de fac-similés et d'un portrait, Paris, Champion, 1910, 685–713. Stengel, Edmund, Laut- und Formenlehre in der Berliner franko-venezianischen Chanson de geste von Huon d'Auvergne (Erster Teil: Reimprüfung und Lautlehre), Inaugural-Dissertation zur Erlangung der Doctorwürde der Philosophischen Facultät der Königlichen Universität Greifswald, Berlin, Schade, 1911 (= 1911a). Stengel, Edmund, Karl Martels Entführung in die Hölle und Wilhem Capets Wahl zu seinem Nachfolger. Stelle aus der Chanson von Huon d'Auvergne nach der Berliner Hs., in : Studi letterari e linguistici dedicati a Pio Rajna nel quarantesimo anno del suo insegnamento, Milano, Hoepli, 1911, 873–891 (= 1911b). Stengel, Edmund, Huons aus Auvergne Suche nach dem Hölleneingang nach der Berliner Hs, Greifswald, Hartmann, 1912. Suard, François, Guide de la chanson de geste et de sa postérité littéraire (XIe–XVe siècle), Paris, Champion, 2011. Thomas, Antoine/Infurna, Marco (edd.), L'Entrée d'Espagne. Chanson de geste franco-italienne publiée d'après le manuscrit unique de Venise par Antoine Thomas, 2 vol., Paris, Firmin-Didot, 1913, réédité par Infurna, Marco, Firenze, Olschki, 2 vol., 2007. Tjerneld, Håkan, Moamin et Ghatrif. Traités de fauconnerie et des chiens de chasse. Editon princeps de la version franco-italienne, Stockholm/Paris, Fritze/Thiébaud, 1945. TLIO = Tesoro della Lingua Italiana delle Origini, éd. Beltrami, Pietro G., dall'ottobre 2014 da Lino Leonardi, a cura dell'Istituto Opera del Vocabolario Italiano e del Consiglio Nazionale delle Ricerche, in aggiornamento continuo (data di prima pubblicazione: 15.X.1997), <http://tlio.ovi.cnr.it/> [dernière consultation : 20.02.2022]. Varvaro, Alberto, La formazione delle lingue letterarie, in : Holtus, Günter/Metzeltin, Michael/Schmitt, Christian (edd.), Lexikon der romanistischen Linguistik (LRL), vol. 2/1, Tübingen, Niemeyer, 1996, 528–537. Viscardi, Antonio, Letteratura franco-italiana, Modena, Società tipografica modenese, 1941. Vitale-Brovarone, Alessandro, De la Chanson de « Huon d'Auvergne » à la « Storia di Ugone d'Alvernia » d'Andrea da Barberino: techniques et méthodes de la traduction et de l'élaboration, in : Tyssens, Madeleine/Thiry, Claude (edd.), Charlemagne et l'épopée romane. Actes du VIIeCongrès international de la Société Rencesvals, Liège, 28 août–4 septembre 1976, vol. 2, Paris, Les Belles Lettres, 1978, 393–403. Zinelli, Fabio, Il francese di Martin da Canal, in : Babbi, Anna Maria/Concina, Chiara (edd.), Francofonie medievali. Lingue e letterature gallo-romanze fuori di Francia (sec. xii–xv), Verona, Fiorini, 2016, 1–66 (= 2016a). Zinelli, Fabio, Espaces franco-italiens : les italianismes du français médiéval, in : Glessgen, Martin/Trotter, David A. (edd.), La régionalité lexicale du français au Moyen Âge : volume thématique issu du colloque de Zurich, 7–8 sept. 2015, Strasbourg, EliPhi, 2016, 207–269 (= 2016b). Zinelli, Fabio, Inside/outside grammar: The French of Italy between structuralism and trends of exoticism, in : Morato, Nicola/Schoenaers, Dirk (edd.), Medieval Francophone literary culture outside France. Studies in the moving word, Turnhout, Brepols, 2018, 31–72. Zinelli, Fabio, Traditions manuscrites d'Outremer (« Tresor », « Sidrac », « Histoire ancienne jusqu'à César », in : Zinelli, Fabio/Lefevre, Sylvie (edd.), En français hors de France. Textes, livres, collections du Moyen Âge, Strasbourg, EliPhi, 2021, 59–107. Footnotes Pour le franco-italien, cf. Rajna (1870) ; [37] (1904) ; [78] (1941) ; [49] (1956) ; [63] (1961) ; [59] (1965) ; [33] (1976) ; [55] (1976) ; [60] (1977) ; [14] (1983) ; [20] (1990) ; [67] (1995) ; [27] (1998) ; [29] (2003) ; [28] (2005) ; [11] (2006) ; [12] (2007) ; [10] (2007) ; [42] (2010 ; 2015 ; 2017) ; [4] (2015) ; [6] (2015) ; [80] (2016 a ; 2016b ; 2018 ; 2021) ; [35] (2020). Le manuscrit Hamilton 337 (= 78 D 8), conservé dans le Kupferstichkabinett de Berlin, et daté de 1341, comprend 85 folios contenant 12.225 vers en laisses principalement monorhythmiques. Ces laisses sont composées de décasyllabes et d'alexandrins. Il s'agit du manuscrit marqué 21 dans l'inventaire des Gonzague de 1407. Chaque feuillet comporte deux colonnes, à l'exception de 1 r (une colonne). De grandes parties du manuscrit B ont été publiées par Edmund [68] (1908 ; 1910 ; 1911a ; 1911b ; 1912) ; l'édition de référence est désormais celle de [41] (2017). Le second manuscrit, lié à B par un modèle commun, est T (N.III.19), conservé à la Biblioteca Nazionale Universitaria de Turin, et daté de 1441. Il s'agit de 181 folios , qui ont été gravement endommagés dans l'incendie de 1904, mais dont la leçon peut être consultée grâce à l'édition de [54] (1883) et à la transcription complète de Pio Rajna, encore inédite (cf.[40] 2006). Le témoin T doit être considéré comme une version dégradée de B, manuscrit qui partage avec lui la lacune de l'épisode du siège d'Auvergne. Les deux codex comportent un long épilogue, absent de P, qui est cependant le seul témoin d'une ouverture (32 cartes sur 117). Le codex P, conservé à la Bibliothèque du Seminario arcivescovile de Padoue (cod. 32), et datable du milieu du XV e siècle, a également été l'objet d'étude de Pio Rajna, qui l'a transcrit dans ses papiers, de la même manière que le codex T (cf.[23] 1960 ; [39] 2004). Le manuscrit présente à l'évidence des éléments linguistiques propres à la Vénétie. La tradition du Huon d'Auvergne qui nous est parvenue, outre les trois codex mentionnés ci-dessus, contient deux autres témoignages manuscrits : le fragment Br (éd.[15] 1925–1926) et le remaniement en prose toscane d'Andrea da Barberino, la Storia di Ugone d'Alvernia (cf.[79] 1978 ; [16] 2017). Le fragment Br, conservé à la Biblioteca dell'Archiginnasio de Bologne (B 3489), et datable de la seconde moitié du XIV e siècle, est connu sous le nom de « fragment Barbieri », car il a appartenu à Giovanni Maria Barbieri. Ce témoin conserve la première partie de la descente infernale d'Ugone, qui est le seul épisode transmis par les quatre témoins. Enfin, un manuscrit florentin contient la transposition in ottava rima , attribuée, de manière erronée, à Michelagnolo da Volterra. À propos de la tradition de l' Huon d'Auvergne, cf.[64] (2010). Pour la tradition et la composition de la Storia d'Ugone d'Alvernia, cf.[79] (1978). L'expression vient de [62] (2005a), « l'automne de la chanson de geste ». Sur l'épopée tardive, qui est ici décrite en quelques lignes, cf. également [73] (2011, 27) ; [62] (2005b). Comme le souligne Paquette, les cycles épiques « se trouvent contaminés par les traits spécifiques d'un autre genre littéraire, le plus souvent le roman »([48] 1988, 35), mais la situation des genres en contact ne peut être réduite aux seules interférences entre l'épique et le roman. Cf., à cet égard, les objections bien fondées de [9] (1993, 205) et de [26] (1986, 589), discutées dans [62] (2005b, 73) : « Il s'agit plutôt de l'exploitation parallèle de schémas narratifs disponibles, malléables, combinables, qui atteste certes que la chanson de geste sacrifie la narrativité, mais sans renoncer pour autant [...] à ses choix rhétoriques et thématiques ». Cf. aussi [18] (2005, 131–154). On utilise toujours l'édition Morgan/McCormick/Baird (2017, f. 8 r) . Cf. aussi [57] (2010). « L'originario valore locale di extra (per esempio lat. extraclusus 'escluso') ha fatto sorgere già in epoca latina un significato secondario di 'eccessivo', 'che è oltre misura' (extraordinarius). Ambedue i significati sono espressi dall'italiano stra - » (ibidem). Cf.[2] (1979) et [1] (1950), déjà signalés dans l'article de [45] (2012, 91, n. 4). Une étude linguistique détaillée de l'œuvre fait encore défaut. Cf.RIALFrI. Je tiens à remercier Andrea Beretta pour cette précieuse indication. À l'appui de cette affirmation, on signale l'existence de dérivés qui ne font pas intervenir le préfixe extra -, mais le préfixe trans -. C'est le cas, par exemple, de strapasarent (it.trapassare ; a. fr.trespasser), attesté dans la chanson de Foucon de Candie , dans les versions franco-italiennes des manuscrits Venise, Biblioteca Marciana, fr. Z 19 (= 232) et Venise, Biblioteca Marciana, fr. Z 20 (= 233). Ici, en raison de l'hypercorrection du copiste, le préfixe non intensif trans - a été assimilé au préfixe intensif extra -, ce qui montre que cette construction en stra - était connue en franco-italien. Cf. aussi les conclusions de [32] (2019, 182).

By Federico Guariglia

Reported by Author

Titel:
« Mon cors stracoruza » : une note lexicale franco-italienne.
Autor/in / Beteiligte Person: Guariglia, Federico
Link:
Zeitschrift: Zeitschrift für Romanische Philologie, Jg. 138 (2022-12-01), Heft 4, S. 1283-1298
Veröffentlichung: 2022
Medientyp: academicJournal
ISSN: 0049-8661 (print)
DOI: 10.1515/zrp-2022-0065
Schlagwort:
  • Chanson de geste
  • Franco-Italian literature
  • Huon d'Auvergne
  • Littérature franco-italienne
  • Morphologie
  • Morphology
  • préfixe stra-
  • prefix stra-
  • XIVe siècle
  • XIVth century Language of Keywords: French
Sonstiges:
  • Nachgewiesen in: DACH Information
  • Sprachen: French
  • Language: French
  • Document Type: Article
  • Author Affiliations: 1 = Università di Verona Italy
  • Full Text Word Count: 7153

Klicken Sie ein Format an und speichern Sie dann die Daten oder geben Sie eine Empfänger-Adresse ein und lassen Sie sich per Email zusenden.

oder
oder

Wählen Sie das für Sie passende Zitationsformat und kopieren Sie es dann in die Zwischenablage, lassen es sich per Mail zusenden oder speichern es als PDF-Datei.

oder
oder

Bitte prüfen Sie, ob die Zitation formal korrekt ist, bevor Sie sie in einer Arbeit verwenden. Benutzen Sie gegebenenfalls den "Exportieren"-Dialog, wenn Sie ein Literaturverwaltungsprogramm verwenden und die Zitat-Angaben selbst formatieren wollen.

xs 0 - 576
sm 576 - 768
md 768 - 992
lg 992 - 1200
xl 1200 - 1366
xxl 1366 -